VAUTRONS-NOUS DANS L’ERREUR

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Les chroniques des Cahiers du journalisme et de l’information

L’auteur :
Ses premiers articles, Bertrand Labasse les a publiés à 17 ans dans les pages Sports ou
Faits divers de journaux disparus. Les années suivantes l’ont conduit à la rédaction en
chef de divers autres journaux, eux aussi disparus. Mais déjà à l’époque, les fascinants
paradoxes de cette activité l’entraînaient insidieusement, après une thèse de doctorat,
vers la pente savonneuse de la vertu académique. Ancien directeur scientifique de
l’unité de recherche-développement des éditeurs de presse français, il se consacre
depuis une vingtaine d’années à la recherche universitaire sur la vaste question des
rouages sociocognitifs du marché culturel et médiatique et des théories de la réception.
Auteur de nombre d’ouvrages et publications sur ce thème, il est professeur titulaire à l’Université d’Ottawa et
(censément) professeur invité à l’École supérieure de journalisme de Lille. Laquelle, en punition de ses
péchés, lui a confié en 2017 la direction de la revue Les Cahiers du journalisme et de l’information. Il s’est
vengé en y publiant ces chroniques.

Catégorie :

Description

Extrait :
« Apocryphe, nous dit-on, est un adjectif et pas un nom. Rien de plus regrettable. Avec plus
d’imagination, on se représenterait facilement l’apocryphe comme un cousin du sphinx,
pareillement composé de bouts d’animaux hétéroclites. Équipé comme le sphinx d’un
inquiétant arsenal de dents et de griffes, mais très différent quand même : alors que le sphinx
a toujours une question, l’apocryphe a toujours une réponse. Dans les deux cas, on en
réchappe rarement. […] Une fausse citation est comme un fil qui dépasse : il suffit que
quelqu’un tire dessus pour que tout le raisonnement se détricote, laissant l’orateur fort
dénudé. J’en éprouve même une pointe de remords à l’égard du doctorant à qui, tout
récemment encore, j’ai demandé d’où diable il sortait la très belle phrase de Nelson Mandela
qu’il brandissait en épigraphe. Même avec un sourire engageant, il se pourrait que ce genre
de question déstabilise un peu durant une soutenance de thèse… Quoique récidiviste, je ne
me crois pas méchant (que les âmes sensibles se rassurent, l’imprudent s’en est quand même
tiré). […] Hélas, on ne peut faire bénéficier les journaux d’une sensation aussi édifiante. Sauf à
être assez pervers pour soumettre à leurs propres facts checkers des citations relevées sur
leurs sites, mais ça serait probablement plus amusant que profitable. Ceci mis à part, je ne vois
pas. À moins que… »